La, au bord du brise lame. La mer se heurte, la mer se bat, la mer envahit inexorablement les pierres noires d’ébène ; brillante, veloutée, comme un sirop épais, elle se répand a ses pieds, ses pieds nus, ses pieds gelés par la froideur de l’eau, par la froideur du sable, par la froideur du temps, par la froideur de son regard, son regard, son regard qui s’éteint, son regard qui...
Aujourd’hui, tu as les yeux tristes.
A t elle le droit ? Elle est là, en équilibre, le visage fouettée par quelques mèches brunes échappées de sa coiffure, une simple queue de cheval nouée à la hâte, elle sent le vent qui s’insinue sous sa jupe, qui court le long de ses jambes, les hérissant de chair de poule ; un long frisson qui court le long de son dos, voilà ce qu’il est... Un frisson, un de plus, pour une tristesse, une de plus. Une tristesse qui...
Tu as besoin de ton propre courage.
Et si... ? Et si la mer l’engloutissait, ici ? Et si son pied glissait, alors qu’elle avance doucement le long des pierres, sentant le fin frôlement des algues sur ses chevilles ? Et si elle sentait le sol se dérober sous elle, lentement, lentement, si lentement, comme le sable qui s’effrite sous la morsure de l’écume, l’écume qui s’accrochait à ses cils, ourlant ses yeux d’une frange d’ombre, l’ombre qui la recouvrerait quand elle aurait rejoint les flots, l’ombre qui...
Il n’y a pas de raison que tu sois la pour moi et pas moi pour toi.
Sursaut. Elle fait volte face. Alors ? Alors c’est vrai ? Alors les mots peuvent changer les choses ? Alors elle n’a pas à s’inquiéter, elle n’a pas à se tourmenter ? Alors, elle n’est pas seule ? C’est plus fort qu’elle, les larmes lui montent aux yeux, noient l’écume de son regard. Elle lui prend la main, elles s’en vont, tournent le dos à l’océan. Tournent le dos à...
Respire, ce n’était qu’un rêve...