Je suis bien, au milieu de mes congénères, installé dans une vitrine. Au moins ici, je vois du monde passer. Tiens une dame avec de jolis cheveux blancs, elle se promène avec un caniche tout blanc lui aussi, à moins que ce ne soit le chien qui promène sa maîtresse, je n’ai jamais très bien compris.
Une poussette, des vocalises stridentes en sortent, un bébé d’homme s’agite comme un forcené.
Le ciel est gris, alors pourquoi fait-il de plus en plus chaud ?
Eh ! Mais ! Oh ! Stoppez la roue !
J’ai mal au cœur !
Mais je n’ai plus de cœur, on m’a tout enlevé !
Alors pourquoi j’ai le vertige ?
J’ai la peau qui cuit, elle se craquelle, ma graisse s’écoule en rigoles, je vais avoir une silhouette de star !
Les gens s’arrêtent, la porte s’ouvre, mon voisin sort au bout d’une pique.
Ma peau grille, prend une couleur dorée, elle croustille avec un petit bruit délicieux.
Sortez-moi de là. Je brûle !
Le clocher sonne 12 coups !
Tiens, voilà une sympathique jeune femme, elle me regarde avec des yeux gourmands. « Un poulet pour une jolie poulette ».Pourvu que je sois ce poulet.
Etre à sa merci, nu, écartelé, manipulé par ses doigts agiles, dégusté par sa bouche sensuelle, je ne peux rêver de plus belle fin.
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Midi, ils ont faim !
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Mémoires d’un gallinacée, mort au champ de saveurs !