Je dévore ce vieux recueil de poésies que j’aime tant, nonchalamment allongée dans un hamac au milieu d’un jardin exotique inondée de mille senteurs sucrées.
Je piétine sur ce trottoir mouillé en attendant ce maudit bus qui n’arrive pas, emmitouflée dans mon chaud manteau et luttant contre la fatigue.
Je suis alanguie sur ce sable blanc, les doigts de pieds en éventail, savourant mes congés payés pour lesquels j’ai déboursé une fortune.
Je range, je lave, j’essuie, je balaye, j’époussète, je frotte, je repasse, je cuisine et fais la queue des heures à la caisse de mon hypermarché bondé de monde en ce début de mois.
J’attends, les yeux fixés vers le ciel que le soleil se couche et laisse la place à dame lune et ses étoiles.
Je me tricote des souvenirs pour mes vieux jours en regardant la vie qui passe devant mes fenêtres, la vie devant, la vie derrière.
Je refais le monde, vautrée sur mon canapé, un chat en boule sur mon ventre, un chien à mes pieds, une douce musique classique pour seule compagnie.
Je crie, je râle, je tempête contre toutes les injustices humaines et divines en faisant les cents pas autour de ma table, un téléphone à mes oreilles et au bout du fil, ma meilleure copine.
Je rêve d’amours insolites, de douceurs exquises, de caresses dont on ne se lasse, de mots chuchotés, de sourires d’avenir.
Toi, mon ami qui me connais, as-tu trouvé la vie que je vis ?