Je n’ai toujours pas reçu la réponse à ma petite lettre d’amour, c’est pas grave, je sais que tu voyages par monts et par vaux, tel Zorro, pour sauver des personnes en difficulté. C’est une tâche bien noble que la tienne, enfin tu es presque le seul à le croire car moi, j’y vois autre chose mais il est vrai que je souffre d’un athéisme permanent. J’ai beau me soigner, cela reste comme une vilaine plante. On n’en meurt pas, c’est déjà ça.
J’espère que je ne t’ai pas inquiété dans l’autre lettre lorsque je disais que je cherchais une place au cimetière. Je te rassure, je me suis ravisée vu l’angoisse de tous mes amis à qui j’ai montré ma lettre et il y en a beaucoup. Que veux tu quand on est tellement heureux, on le dit à tout le monde. Non, je n’ai pas l’intention de me faire du mal, je tiens à vivre même si c’est avec des clopinettes, tu aurais été trop heureux de garder ma pension, de cela, je refuse. Je suis bien sortie faire un petit tour au parc. Sur la route des filles faisaient le trottoir, je leur ai demandé des conseils pour faire pareil. Une seule m’a répondu que j’avais de beaux yeux et de jolies jambes mais un truc clochait, j’étais trop vieille et mal foutue, mon visage est de travers. Je sais que ma cervelle est remplie de vers depuis qu’un type m’a effleuré en passant près de moi. Il présentait bien pourtant, un costume, une cravate, bien coiffé mais il avait l’air un peu paumé. Il a du se tromper de mille portes dans sa vie celui là. Je ne peux pas dire à quoi il ressemble tant les encombrants ont rempli son absence. Un homme sans souvenirs, sans avenir. Il a traversé la rue s’est approché de moi, nous avons discuté, nous ne nous sommes plus quittés ou presque, il dort dans son frigo et moi dans le mien, il ronfle trop. Tu vois mon ange, je suis réglo, je te dis tout. Je te quitte pour cet homme qui s’il n’a rien, ne me prendra pas ma toute petite pension, en plus il est fidèle lui et refuse de sauver d’autres personnes que moi, enfin !
Oui, je te quitte mais de temps en temps, je t’enverrai de mes nouvelles, tu es si prévenant vis à vis de moi et de tous mes compagnons d’infortune, c’est la moindre des choses que de te remercier.
Bye mon ange... déchu