Je n’ai plus envie de parler du passé... Envie d’oublier les mauvaises choses, les bonnes étant trop peu nombreuses, je les garde au fond de mon cœur... Mon grand-père, ma grand-mère bien enfouis avec les souvenirs des petits bonheurs... Je n’ai pas envie de parler de ma mère, je l’ai déjà fait. Là où elle est, elle sait que mon esprit est serein la concernant. Je pourrais vous raconter mon père mais que dire de lui ? Je ne sais pas, il a toujours été une énigme pour moi. Il n’était pas méchant, loin de là, seulement il n’était pas pas souvent présent. Lorsqu’il était jeune, il travaillait avec mon grand-père et puis lorsque celui-ci est décédé, il a pris l’atelier à son compte mais pour très peu de temps. Il n’avait pas la faculté d’être un patron et préférait travailler pour les autres ; de plus à l’époque, il faisait construire une maison et l’argent ne rentrait pas correctement dans la bourse familiale. Mon père a tout lâché et il est parti faire des déplacements. Départs le lundi matin et retours le vendredi soir, ce n’était pas simple pour notre mère de nous éduquer seule... Les week-ends mon père se trouvait avec nous enfin son corps car son esprit était ailleurs. Où ? Je l’ignore encore aujourd’hui. De sa part nous n’avions que très peu de gronderies, laissant ce mauvais rôle à notre mère. Lorsque ma mère décéda, il se retrouva bien seul en face de quatre enfants, non plus quatre car nous les filles étions majeures, il lui restait à finir d’élever mon frère de treize ans... Comment faire ? Il n’en avait aucune idée puisque il ne l’avait jamais fait. Je ne voudrais pas dire mais mon père a échoué lamentablement laissant à des tiers ce soin là. Il était gentil mon père mais il n’avait pas la fibre paternelle, loin de là, son esprit était partout sauf à ses enfants. Il nous aimait, je pense. Parfois, Il nous télèphonait tous les soirs ou presque et il pouvait passer des mois sans le faire. C’était comme cela, je ne lui en veux pas car bizarrement, je me sens pareille... Je sais, j’ai répété mon père plusieurs fois dans ce texte mais c’est exprès car je me demande aujourd’hui qu’il est mort, s’il a bien existé et s’il a vécu près de nous. Je n’ai gardé de lui que son esprit vagabond et l’amour du théâtre.