Je tends la main vers le ciel, je tends la main vers la lumière, je tends la main vers le soleil.
Je tends la main pour toucher l’âme de Dieu et pour que l’âme de Dieu vienne me frôler.
Alors je deviens âme de son âme et je commence à tourner. La lune tourne autour de la terre et la terre autour du soleil et le soleil dans le tourbillon de la vie, tourne dans l’univers.
Alors pour m’élever plus haut encore que les étoiles je monte sur la pointe des pieds et pour que ma tête caresse l’éternel, je l’incline en arrière et je tourne, je tourne, je tourne.
Ainsi mon vêtement blanc décrit de grands cercles comme une voile gonflée au vent des auras, comme un moulin immaculé qui broie le blé impur des péchés, comme un astre éthéré dans les cieux du pardon.
Enfin, lorsque de ma danse toutes les misères se seront évaporées et que tous les pardons invoqués seront accueillis, Dieu lâchera son étreinte, mon âme reprendra sa place et dans mon corps redevenu humain je cesserai de tourner.
Nous sommes des centaines gravitant ainsi sans jamais nous heurter, sans jamais effleurer nos fustanelles.
Et si nous vous apparaissons bien surannés dans ce monde ou tout se bouscule c’est parce que nous sommes tout près de la vérité, nous, les derviches tourneurs !