Brusque éveil à la vie.
Je dois quitter le nid chaud qui, toujours, m’a abritée. Je me débat. Je veux crier. Je ne peux pas. J’étouffe. Je pousse, je veux sortir, je remue.
Soudain, le liquide qui m’entoure disparaît. La chaleur, peu à peu, s’estompe. Je me sens poussée, on veut me faire sortir. Je ne fais pas prier, je m’engouffre dans l’issue proposée.
Je progresse. Lentement, mais sûrement. Je suis serrée. J’espère que ça ne durera pas trop longtemps. Plus loin, l’issue proposée, imposée. L’espoir du changement. Tout, mais pas revenir d’où je viens ! Je veux autre chose. Je voir le monde qui, autrefois, m’effleurait, une caresse, un son, une voix, comme autant de promesses de jours meilleurs. Il est temps de sortir du cocon. Il est temps d’affronter l’extérieur. Je cours dans l’issue qui me mène à l’inconnu.
Soudain, un obstacle. Quelque chose me bloque. Je ne peux plus avancer, mais je ne peux reculer. On me pousse toujours, on veut me faire sortir, mais je ne peux pas. Je vois, au loin, une lumière, comme une promesse. Si près que je pourrais presque la toucher, mais si inaccessible qu’elle semble à des kilomètres. Je me débat, je donne des coups d’âme et de corps, je m’englue, je ne comprend pas. Je ne comprend pas, mais je me bats. Je veux me battre. Je veux réussir.
Je veux sortir.
Le combat s’éternise. Je n’ai pas avancé, ni reculé. Les poussées s’estompent, s’affaiblissent, s’enfuient, disparaissent, cessent peu à peu de me soutenir. Alors, je panique. Je sens mes forces m’abandonner. Personne ne m’aide. Plus personne n’est là. Plus personne ne m’entend. Je sens l’étincelle qui m’avait éveillée, mais elle est si ténue qu’elle semble sur le point de s’éteindre. Je la sens me quitter, cette force dont je n’ai jamais appris le nom. Un éclair de colère me traverse, étouffé presque aussitôt par la faiblesse qui me gagne. Pourquoi ?
Soudain, je sens un contact sur le sommet de ma tête, là où je ne pouvais plus avancer. Un coup sec qui me tire, me décoince, me libère. Plus rien ne me retient. Malgré l’absence d’aide, de poussées, je m’avance, je jaillit, je sors. L’étincelle se ranime, la lumière se rapproche. Je sors.
La lumière m’éblouit, me blesse. Je hurle. L’étincelle est désormais bien là. Jaillissent soudain des larmes de douleur et de bonheur, de frustration et de satisfaction.
Je vis.