Oui, les éléphants pleurent
Le soleil enrubanne les nuages de rose, la nuit approche et le terme de la maman ... Un enfant va naître.
Elle l’a porté longtemps, si longtemps que le père a oublié ... Il a quitté sa famille pour une autre. Cela arrive parfois, rarement.
Elle l’a porté longtemps, si longtemps ! Et ce soir, il va venir sur terre, il va se séparer de sa chair et la longue épreuve commencera : l’apprentissage de la vie.
L’apprentissage des sentiers et celui des dangers ; l’apprentissage de l’eau et celui du feu.
De la faim, de la soif, de l’amour et des jeux ...
Ce soir, cette nuit.
La Lune attend. La famille entoure la future maman. Père, mère, frères, sœurs, silencieux et pesants.
Bientôt ...
Un singe crie, un lion rugit.
La maman perd ses eaux. Le cercle de famille se resserre.
L’enfant paraît !
C’est un éléphanteau de trois cents kilos.
Alors ... Sur les joues des géants gris, montagnes frémissantes, coulent des larmes d’émotion ...
Des larmes de joie sillonnent ces peaux immémoriales qui font rêver les enfants. Les grandes oreilles s’agitent, les larmes coulent. Et moi, je comprends ... Je comprends qu’ils ont une âme, comme le disent les guerriers Masaï.
Et je m’associe à eux, mes frères paisibles et fiers.
Oui : les éléphants pleurent !! Et je pleure avec eux, de joie.
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