C’est vrai que là-bas des soldats ont fait feu sur la foule et que des innocents sont tombés en silence abreuvant la terre de leur sang.
C’est vrai qu’un bateau a sombré en pleine mer offrant son équipage aux abysses glacés d’un océan orgueilleux et triomphant.
C’est vrai que dans ce pays, des femmes se jettent du haut des falaises pour purifier leur âme à jamais souillée par le viol et la torture.
C’est vrai qu’ici les poètes payent de leur vie les mots qui s’envolent de leurs plumes comme des gouttes de sang maculant les murs de la tyrannie.
C’est vrai que cet homme à qui ils ont coupé la langue deviendra fou à force de silence et de captivité.
C’est vrai qu’au cœur de notre monde l’injustice et l’indifférence rythment notre souffrance et que nos bouches sont devenues muettes à force de hurlements et de larmes.
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Oui, mais si ce soir mon cœur est lourd et si quelques larmes coulent sur mes joues, elles ne sont pas pour cette terre qui agonise, elles ne sont que pour ce néant qui a envahi mon âme quand ton mépris m’a ramenée à la réalité.