Dans un hôpital psychiatrique, Georgette a été enfermée, seule, pendant quelques jours dans une pièce à l’écart des autres, forme d’isoloir où les malades en crise sont cloîtrés ; à part un lit rivé au sol, il n’y a rien. Georgette a hurlé, frappé sur les murs et la porte pour qu’on lui ouvre ... en vain. Lorsqu’elle fût calmée par les médicaments qu’on lui injectait de force, on l’a sortie.Ses beaux cheveux bruns sont devenus tous blancs par le malheur. Georgette les laisse flotter sur ses épaules nues. Elle ne met plus ses grosses lunettes, croyant qu’elle est plus belle ainsi pour recevoir son amoureux. Étant myope, elle s’accroche à tous les hommes qui passent dans son sillage.Comment peut on vivre dans ces lieux de désolation où comme partout, il manque du personnel ? Certains membres sont bien au service de ces pauvres hères alors que d’autres se contentent, sans état-d’âme, de surveiller les patients. N’ayant rien à faire, ceux-ci se meuvent lentement et inutilement dans les coins, tirant sans arrêt sur leurs cigarettes. Certains sont plantés devant une télévision alors que d’autres sont réfugiés dans leurs chambres. Georgette n’est pas de ceux là. On la voit sans arrêt passer dans les couloirs à la recherche de son amour perdu.Aujourd’hui, c’est dimanche, il y a quelques visiteurs qui passent embrasser leurs malades. Georgette n’a personne, elle est seule, désespérant seule. Elle n’en a que faire des autres, son esprit est près de son père et de « son amoureux » . Les jours n’ont pas d’importance pour elle, elle hante continuellement le service. Soudain, elle se fige, un parfum capiteux plane dans l’air et envahit son cerveau. Là devant elle, se dresse une belle femme brune, aux cheveux bouclés, élégante dans un tailleur pied-de-poule. Elle porte à ses pieds de jolis escarpins vernis noirs.<< Maman !>> s’écrie georgette- Vas te coucher, vieille folle, je ne suis pas ta mère, lui jette l’infirmière de service ... fatiguée de voir et d’entendre Georgette.Georgette, en plein délire n’a pas entendu l’infirmière, elle voit sa mère devant elle. Cette maman qui la prenait dans ses bras, qui la caressait, la bordait dans son petit lit et qui lui chantait des berceuses, pour l’endormir.- Maman ! Maman ! Tu es revenue.- Eh ! La vieille arrête d’hurler, tu nous les gonfles avec ton cinéma.- Maman, j’ai besoin de toi, prends moi dans tes bras.Geogette se jette au cou de l’infirmière qui souffle dans son sifflet afin d’appeler ses collègues. Un bruit de course dans les couloirs, Ils arrivent, prennent Georgette à bras le corps, l’enferment dans sa chambre, sans oublier de lui injecter le médicament pour l’endormir ... au moins pour la nuit. Demain tout recommencera et les jours suivants, aussi, hélas ! Georgette est destinée à finir ainsi. Les médecins l’ont déclarée irrémédiablement folle.
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Pauvre folle
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Ceci est la fin de la série que j’ai écrite sur Georgette