Hurlements du vent, dans les feuillages. Feuillages torturés par la tempête. Tempête s’acharnant sur nos paysages. Paysages ressemblant étrangement à nos cœurs, à nos âmes... Une âme emplie de cette pluie qui martèle les carreaux, une âme emplie de ces tourments de l’hiver, une âme blanche, teintée cette nuit pourtant d’un gris pâle et timide.
Les pleurs ne s’envolent pas, ils s’apaisent. Au creux de cette chambre, abritées de la tourmente, elles sont enlacées, l’une ayant enfoncé sa tête dans les bras de l’autre... Ses sanglots s’écartent, se font moins fréquents, ses larmes se tarissent peu à peu. Trop de chagrin, sans doute, pour cette âme d’enfant, d’adolescente, d’adulte ; les pleurs sont les miroirs de nos cœurs...
Alors, l’autre parle. Elle parle sans s’interrompre, l’épaule mouillée des larmes de sa cousine, elle parle peu à peu, doucement, sans heurts, elle obtient peu à peu une réaction, un sourire, un rire, c’est mieux que rien, on continue, on continue... Et puis, un éclat de rire, enfin, comme un soleil, comme une perle de pluie, comme une éclaircie. Elles rient ensemble, elles pleurent ensemble, elles se perdent dans leurs souvenirs, dans leurs mélancolies, dans une nostalgie au goût étrangement commun.
Complicité, amitié, fraternité ; il n’existe pas de mot pour parler des liens que le sang a versés tranquillement dans nos veines, goutte à goutte, années après années...
La nuit s’approche, les yeux se ferment ; May s’endort. A coté d’elle, sur le sol, l’adolescente lui tient la main ; elle sourit, malgré elle, malgré les larmes qu’elle a senti se déverser sur son cœur et son épaule. Ces larmes qui arrosent, malgré tout, les graines d’amour semées au plus profond d’elle même. C’est une pousse d’affection devenue lierre, qui s’est emparée de son âme, de son souffle et de sa vie... Elle sent l’étreinte de la main de sa cousine se desserrer peu à peu, elle entend sa respiration s’apaiser ; assise, a coté d’elle, elle ne bouge pas, elle attend que le sommeil emporte le peu de force qui reste dans le petit poing.
Alors, doucement, comme une berceuse, comme une promesse, elle murmure...
Petite sœur, petite goutte, petite perle... Dors, n’aie pas peur, dors.
Enfin, elle se glisse sous les couvertures, et, apaisée par la chaleur d’une main d’enfant ou d’adulte, d’adolescente ou d’endormie, elle se laisse à son tour apprivoiser par les doux éclats du sommeil.