Je l’aime... Vous ne pouvez savoir à quel point. C’est vrai de vrai. Je l’aime.J’aime son doux regard perdu là où les pensées se forment, son absence et surtout sa voix.
Il n’y a rien de plus érotique que, lorsque je lui téléphone, savoir que sa bouche est à peine séparée de la mienne par les quelques millimètres de plastique du combiné, nos souffles se mélangeant, chaleur discrète et subtile traversant l’éther. Il suffit que je colle mes lèvres contre les petits trous et je perçois déjà le parfum de sa bouche.
Je vais le manger.
Et si mes lèvres s’approchaient de sa nuque, mais juste à ne pas la toucher, juste pour qu’il sente leur caressant désir tendu vers lui, juste pour faire naître les frissons jusqu’à la racine des cheveux ?
Glisser le long du cou... un petit coup de dent au lobe de l’oreille.. Mmmm... délicieux... remonter le long de son menton, me promener dans les buissons de ses moustaches, un baiser sans moustaches disait ma grand mère c’est comme un potage sans yeux, enfin je ne me souviens plus du proverbe mais ça voulait dire ce que ça voulait dire et je m’entends.
Mmmm, sa bouche, là où les lèvres perdent leur nom...
J’écoute sa voix au téléphone et imagine sa langue durcie comme une lance léchant mes lèvres, par petits mouvements légers puis plus insistants, dessinant leur contour, découvrant mes dents, les écartant, les forçant parce que je vais résister, moi, non mais sans blague, une femme qui se donne trop vite c’est comme une pierre qui roule disait ma grand mère qui s’y connaissait en proverbes.
Sa langue est pointue, savante, elle me fouille, mon épicentre du bas en est tout .. ; bizarre, irradiations de chaleur dans les reins, le haut des cuisses, et si je mettais la main dans son pantalon ?
Non, jeu de mains jeu de vilains disait ma grand - mère, et puis de toutes façon il est de l’autre côté du téléphone.
Je vais me le dévorer tout entier.
Par où vais-je commencer ?
Pas par sa langue, trop habile, elle peut servir, et puis ça mettrait du sang partout et j’ai déjà fait le ménage, beurk, la langue est la pire et la meilleure des choses, chez lui, c’est la meilleure, notez bien je n’ai pas encore essayé ce que je sens durcir en son épicentre personnel de l’autre côté du téléphone, mais ça doit... Mmm... pas mal... c’est pour moi tout ça ? Ce colimaçon qui sort de sa coquille et s’étire, se gonfle, pointe son nez hors de son abri naturel et glisse en laissant des traces humides et nacrées ?
Je vais n’en faire qu’une bouchée.
Il a accepté de m’épouser.
Je vais l’épuiser d’amour à ce qu’il en meure toute une vie.