Silence ! Dans le bruit, j’écoute mon cœur...
J’ai perçu à travers mes entrailles ce qui le rend fou. C’est le souvenir. Celui particulièrement fou : « une bouche qui se presse et susurre, je te veux ».
Goût amer et merveilleux de l’interdit.
Il fait sombre et frais dans le jardin. Des couples tournent depuis des heures. Ah ! la danse. A côté, enroulé sur lui même, mon mari, depuis déjà une éternité. Il s’est endormi sur sa chaise , il ronfle. Les jeunes sourient, se moquent aussi je suppose. J’ai posé mon bras sur son épaule pour l’empêcher de tomber.
Ainsi, imperceptiblement, soudée à lui par le corps, j’ai jeté mon esprit vers l’arrière. Je laisse m’envahir le doux passé comme s’il n’avais jamais eu lieu, un rêve imaginé.
Il est grand, bien plus âgé que moi, à l’époque bien sur. J’aime sa démarche animale,il roule. Ces mains me font mal, me pétrissent. Je crie, il souffle. Profusions grandioses, artistes méconnus de la grande valse. Je crois que j’avais hurlé.
J’ai planté mes ongles, décrochage imaginatif. J’ai failli lâché prise. Je dois encrer la bonne conscience, l’ordre, la paix. Il ne me reste de cette guerre intérieure qu’un léger tremblement.
Mais ce soir, le souvenir m’assaille et je me noie. Je ne sais pas, peut-être un peu trop de vin blanc. J’ai fermé à demi les yeux, adossée au mur. Une brûlure m’envahit le sexe que plus rien ne saura vraiment éteindre et le souvenir reste tenace.
J’en veux.
A celui qui est là d’y être. Ridicule, l’autre, le grand, devenu le compagnon de toutes les nuits auraient revêtus les mêmes habits, les mêmes odeurs d’habitudes.
Aurait-il comme mon homme, contenter toutes mes faims, et pleurer sur celles qu’ils ne peux plus apaiser. La tendresse, dure et solide, qui nous lie, inébranlable.
Pourtant, quelques fois, revient l’autre courir dans ma tête, trotter sur mon corps.
Il a gardé pour lui, à travers les ans, la jeunesse, je ne l’ai pas vu vieillir, ni malade, ni triste.
Mes cheveux et ma peau sont fanés mais lui mon homme partage toujours ma couche.
L’autre n’a que la parure de la jeunesse, l’auréole de toutes les choses que je n’ai pas pu faire. A lui seul il représente toutes mes frustrations accumulées (la beauté, les passant se retournant).
Alors les jeunes se disent « regarde la vieille là-bas, elle tremble ».
Oh ! si vous saviez pourquoi je tremble.....
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Pourquoi la vieille tremble
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