Ce ne sont que quelques mots, écrits par stupidité ou par malveillance mais qu’importe ! On les lit par hasard, au détour de l’ennui. On hausse les épaules puis on passe son chemin et pourtant le mal est fait. Ils s’insinuent en nous comme un venin insidieux, ça commence tout doucement et ça revient de très loin. Ca nous ramène aux portes du doute et du rejet, aux portes de nos incertitudes.
Ce n’est tout d’abord qu’un simple serrement au creux de la gorge et puis les larmes prennent le relais, elles coulent sans colère, sans chagrin, doucement, inexorablement, petit ruisseau qui devient torrent. Alors le soleil a beau briller, les nues ne sont plus qu’un gouffre sombre et inquiétant, la lune à beau déployer son aura protectrice et rendre la nuit claire, seules les ténèbres envahissent l’âme.
Le monde disparaît et les yeux se recouvrent d’un voile endeuillé. Rien d’autre ne comptent plus que ces mots, poignards enfoncés jusqu’à la dague dans un cœur qui n’est plus que souffrance... et silence... et absence.
Les heures, les jours passent et se ressemblent, toujours ce même poids sur la poitrine, toujours ce sang qui coule dans les veines inutile et insupportable. Un soir enfin, on se dit que si la terre doit continuer à tourner, elle peut bien se passer de nous, poussière de néant que nous sommes. Et l’obscurité survient. Le vide. Impression étrange de flotter entre deux mondes, les voix que l’on entend viennent de l’intérieur, l’extérieur s’évapore, se volatilise. Et pour la première fois depuis bien longtemps on recommence à se sentir libre et léger comme une plume d’ange.
Mais soudain, une lumière aveuglante nous ramène au réel, le corps n’est plus que souffrance. Renaître est pesant, accablant mais inéluctable. Car ce voyage là n’était pas écrit dans le grand livre... pas encore.
Et pourtant, ils n’étaient que quelques mots écrits par stupidité ou par malveillance, mais qu’importe ! Ils ont fait leur chemin, d’eux sont nés l’indifférence et l’incompréhension...