Je la vois s’approcher, avec sa superbe robe noire. Elle vient tout près de moi... Alors je la caresse délicatement et je sens tout son corps parcouru de frémissements incoercibles. Sa démarche est gracieuse, légère et fière. C’est une beauté incomparable.
Lorsque nous courons ensemble, elle est toujours un bon mètre devant moi et je ne peux m’empêcher d’admirer ses fesses sculpturales qui restent toujours en rythme tandis que je lui parle.
Un peu plus tard, de retour à la maison, profitant que je regarde avec tendresse l’arrondi naissant de son ventre harmonieux (c’est pour dans trois mois...), elle me regarde avec affection de manière insistante : elle attend quelque chose de moi... Je lui parle doucement, comme on parle à un enfant que l’on veut apaiser. Je lui dis qu’elle est belle, qu’elle est la plus belle. Soudain, elle se met à hocher la tête compulsivement en l’approchant imperceptiblement de la mienne. J’ai compris. Elle a faim.
Je vais lui chercher ce qu’elle aime plus que tout car lorsqu’on est dans cet état, on a des caprices, des envies...
Lorsque je reviens, elle est allongée par terre, dans une position scabreuse, sur le dos, s’agitant frénétiquement de gauche à droite.
Je la relève d’ un joyeux "debout Sultane !" et lui installe son sac d’avoine, bien ficelé derrière les oreilles.
Elle a cinq ans. C’est une splendide trotteuse.
Elle ne veut voir aucun sulky devant elle...
J’espère qu’elle va nous donner une pouliche !