Je l’ai violée.
Je me rappelle jusqu’au plus petit détail de mes actes, chacun de ses regards, de ses cris, de son corps si blanc qui se débattait sous le mien, de sa douceur sous ma paume, de ses coups dérisoires qui aiguisaient mon désir.
Je me rappelle de tout. Elle a hurlé, au début. Pas des mots, non, elle ne pensait plus aux mots, c’était ses larmes et son dégoût qui perlaient sur sa peau, sa honte et sa peur sur mes lèvres.
Je n’avais pas bu.
Elle m’avait repoussé, j’en suis devenu fou, oh, je ne sais plus. Elle était si belle. Une poupée de cristal entre mes doigts avides, et je l’ai brisée, brisée comme on froisse la soie, brisée comme on déchire le ciel. Déchiquetée, brûlée, dévorée, et moi je la regardais, et je me suis enfui, sans rien lui dire, sans la toucher plus, et je ne pleurais pas, parce que j’ai aimé ça, mon Dieu, j’ai aimé ça ! Alors j’ai couru, loin, loin de ses sanglots silencieux, de ses yeux éteints.
Je l’avais violée.