J’aurais voulu te dire que la vie est belle.
Te dire à quel point j’étais heureuse et fière d’exister, à quel point le ciel peut nous toucher du bout des ailes. Te dire que le monde chante, aux rythmes des battements de ton cœur, à la fantaisie du vent dans les arbres, tu sais, ce vent qui t’ébouriffe les cheveux, et tu ne peux que rire, rire parce que c’est beau, rire parce qu’on dirait qu’il s’amuse, le vent, qu’il pétille des mille larmes qu’il a un jour séchées.
Te dire qu’il les aurait séchées aussi, les tiennes.
J’aurais voulu danser à en perdre la raison, te faire tournoyer avec moi jusqu’à ce que le souffle nous manque, que le sol se dérobe sous nos pieds. Et ton rire s’envolerait, s’envolerait si haut que je me serais surprise à envier les oiseaux, qui auraient pu le suivre à toute la force de leurs ailes.
Si j’avais eu les mots…
Je t’aurais dit que nos larmes n’existent que pour remplir la mer, que l’automne sert à colorier nos âmes. Que si les vies s’envolent, c’est pour chanter avec le vent, que si les départs sont ce qu’ils sont, ce n’est que pour donner du sens à nos rêves. Qu’il suffit de goûter le picotement des étoiles sur ta peau pour que tout s’efface.
Peut être même que j’aurais su te convaincre.
Peut être même que tu n’aurais pas sauté.