J’avance sans grande conviction, quant à tout ce qui se passe en bas, je ne sais pas où tout cela nous mènera. Tu as donc le choix de me suivre ou pas dans ce sinistre endroit. Après tout, je ne suis ni dieu, ni mage pour t’imposer de te laisser guider par quelqu’un qui t’est étranger
Je doute encore et toujours. Je me tais, forte de mes réflexions. La perception que j’ai de ce monde se doit d’être silencieuse pour être « efficace » cependant je brûle d’envie d’en parler, de t’expliquer comment je survis ici. Les sages de différents peuples m’inspirent et m’imprègnent dans ce quotidien obsolète qui perdure, au milieu, cette petite France qui s’ignore. Ils ont placé en moi le savoir et j’ai semé le doute et l’incohérence. A quoi bon grandir lorsque l’on sait que l’on détient un savoir certain mais que l’on est persuadée de ne jamais pouvoir l’exploiter pleinement car on est décimé par un surplus de ressentiments inconcevables. Je ne suis qu’une petite fille qui n’a même plus le mérite d’être sage...
Tant d’êtres me semblent fades, tellement de lieux n’ont plus d’âme, les supports fondamentaux de l’existence s’amoindrissent devant moi. Que puis-je faire ? Rien, alors à quoi bon ? L’humanité a bien changé, les gens ne croient plus en rien. Ils ont cessé de réfléchir lorsqu’ils ont acquis leur liberté, alors que c’est à ce moment là que commençait leur plus grand combat ! Ils ont creusé tant de fossés entre eux, ils restent seul dans leur infamie.
Ils ont tout oublié de leurs rêves d’enfants, pourquoi ? Ils ont perdu toute trace d’insouciance, comment ? Ils avancent encore et toujours et oui, c’est cela l’avenir ! Que croyais-tu ? Le monde n’est pas beau, il est même exécrable mais bon, c’est le nôtre. Il ne faut pas lui en vouloir nous sommes les auteurs de ce massacre. Seul on ne peut plus rien y faire mais ensemble nous pouvons désarmer cette bombe placée sous nos pieds. A force de courir dans l’autre sens on a oublié ce que l’on fuyait au départ et nous avons refermé la boucle du calvaire passé qui a choisi de s’éterniser. Ici, la société paraît forte et belle mais laisse-moi te dire :
« La personne pure ne paraît pas elle est. Elle ne s‘encombre pas de choses superflues, elle reste vide, impartiale. Une terre neutre impossible à conquérir, ni par le bien ni par le mal. Capable de tout, le pire comme le meilleur de ses mains s’écoulera. Peut-être le sang de la victoire ... »
« Je vis ici depuis déjà 10 ans et je regarde ce quartier passer de mains en mains les caïds se l’arrachent car les anges grouillent sans répit. Pour leur poudre ils seraient prêts à se vendre et à corrompre n’importe qui. Le manque fait son œuvre et personne ne vous le dit...
Je suis lasse de ces murs qui s’effritent au grè du temps, ils n’auront bientôt plus la force de tenir mes fenêtres...
Alors ça y est tu t’es décidé ? Tu me suis dans ce bas monde, ce microcosme sans queue ni tête ? Allons y, nous avons une longue route à faire, des tas de gens à suivre pour que tu puisses peut-être me connaître... »