Un après midi comme un autre, sans doute trop commun ; elle rentre chez elle, à peine effleurée par la fatigue d’une matinée ordinaire, et s’enfuit dans le monde imaginaire, bien que tout a fait réel, de la toile mondiale. S’écoulent les heures, rythmées au son des touches du clavier ou du piano, parcourues de lignes a lire tant sur papier que sur écran ; passent les instants, fugitives secondes, éclats d’une vie aussitôt passés, aussitôt oubliés. On ne sait jamais ce qui nous attend...
Puis ce texte, cette flèche ajustée qui file se planter dans un coin de son cœur, titillant une corde qu’elle avait cru oubliée depuis quelques jours ; une détresse plus grande que celle qu’elle imaginait, encore et toujours par sa faute... Pas de larmes, non. Elle n’a que trop pleuré. A t elle seulement autre chose à faire que de causer la souffrance par sa seule existence ? Que dire d’une vie ou chaque inspiration qui s’échappe presque malgré vous de vos poumons semble arracher d’une quelconque manière le cœur d’une personne qui vous aime... et que vous aimez ?
... Sans drames, sans larmes, pauvres et dérisoires armes, car il est des douleurs qui ne pleurent qu’à l’intérieur...
Elle serre les poings de rage, déverse sa peine et sa haine sur le papier, comme autant de dés jetés à la face d’un Dieu trop rarement ému par la détresse des hommes. Bruissent les touches comme les feuilles dans le vent, porteuses de colères, de tristesses, d’émotions souvent trop intenses pour que nous les comprenions ; se forment sur l’écran des phrases sans sens, sans but, sans autre finalité que celle d’apaiser quelque peu un cœur déchiré. Au moins bat il toujours... à moins que ce ne soit que l’opiniâtre entêtement de la vie, a contracter ce muscle vain et inutile, tandis que l’âme est définitivement éteinte, piétinée et jetée à la boue...
Inutile, sans doute, de décrire les sentiments qui l’animent et la hantent, cette jeune fille, inutile de tenter de dépêtrer tant d’enchevêtrements. Inutile... Dans sa tête, les questions foisonnent, sans qu’elle y trouve jamais de réponse.
Comment faire pour être la ? Y être pour tout le monde ? Ne pas perdre la raison ? Ne pas perdre l’espoir ? Ne pas perdre le sourire ?
Comment l’aimer a sa juste valeur, cette étincelle de pureté, qui, serrant une peluche au creux de ses bras, l’aime, elle, alors qu’elle ne le mérite pas ? Comment lui expliquer a quel point elle a besoin d’elle ? A quel point elle a peur de la décevoir ?
A quel point elle l’aime ?