A la tombée du jour, le rituel que j’accomplis chaque soir pour être à totalement à toi, commence. Mes vêtements s’ôtent et nue, mes pieds m’emmènent le long du couloir jusqu’à la salle de bain. Le rideau de douche se laisse ouvrir par ma main avant que celle-ci ne tourne le robinet du jet d’eau chaude et bienfaisante qui enlève les tracas et les soucis du quotidien en caressant mon corps. Mes doigts attrapent le drap de bain et parcourent chaque centimètre de ma peau pour la sécher. Un peu de lait pour le corps étale un voile sur mes courbes et son léger parfum me suit alors que je regagne ma chambre. Il imprègne mon déshabillé qui vient me recouvrir.
Les draps du lit s’entrouvrent, je glisse dedans, tapotant mes oreillers afin de les disposer pour ce moment de détente et d’évasion qu’est la lecture de quelques pages d’un livre. Mes paupières s’alourdissent, petit à petit, mes yeux déchiffrent plus qu’ils ne parcourent les lignes. Le marque-page se glisse et le livre se referme avant de se poser doucement sur ma table de chevet. La lampe s’éteint. La nuit remplace le jour.
Mes membres s’étirent. D’un tour de rein je me retourne et mon ventre dénudé par ce mouvement ressent la douceur du satin. Mes bras prennent leur position de repos, mes jambes légèrement s’écartent. Ma joue contre le drap, mes yeux clos, ma respiration se règle sur un rythme plus paisible.
Où es-tu ?
Quand viendras-tu prendre possession de moi ?
Me prendras-tu jusqu’au petit matin ou bien comme trop souvent m’abandonneras-tu à mes pensées pendant plusieurs heures
Pensées tristes et sombres, blessures du passé qui reviennent dans le présent. Tenaces, elles s’incrustent, tournent et virevoltent, noircissant cette nuit claire.
Eveil en sueur, rêves d’une vie qui ne sera jamais vécue. Utopies évanouies dans l’expérience d’un quotidien décevant. Efforts épuisants et vains dans une réalité imposée.
Des mots lus surgissent et rendent une présence si intense qu’elle en est presque palpable. Des frissons de désirs effleurent ma peau, une chaleur importune m’enflamme malgré moi.