La nuit polaire avait envahi la terre depuis bien longtemps déjà ! Les loups avaient mangé les hommes, et retranchés au fond d’un ravin de détritus, ils attendaient ainsi la fin.
La grande lune rousse s’était approchée irrémédiablement de la planète et des vents venus de l’éternité soufflaient avec rage sur le chaos.
Dans les steppes quelques lichens grillés et racornis se détachaient de la pierre en roulant au loin.
Le cri est arrivé dans un souffle léger, presque comme un murmure bien niché au fond d’un trou. Puis prenant toute sa force, toute sa violence, il s’est échappé de la gorge dans un hurlement si puissant que mêmes les loups ont incliné les oreilles et baissé l’échine.
La petite-fille venait de s’asseoir brutalement dans son lit.
Ses yeux hagards, pleins de larmes, le front perlé de gouttes de sueurs comme des étoiles accrochées sur la voûte céleste, semblaient perdus.
Dans sa bouche encore ouverte, un mot s’échappa. Un seul mot pas plus :
Babouchka !