Tout est moche dans ce tableau de Matisse, les murs beiges, le lit en fer, affublé d’un couvre-lit à petites fleurs, derrière trônent des chaises blanches.
Au premier plan sur la gauche une espèce de commode falote où seules les poignées bleues foncées égaient un peu la chambre. Sur la droite on aperçoit une descente de lit d’un vieux rose sur un plancher propret. Au font la fenêtre est grande ouverte sur une mer à peine plus foncée que le ciel. Le peintre doit être patriote car il a peint des drapeaux à la places des voiles. Une barricade de bois blanc entre la fenêtre et la mer nous empêche d’accéder à la plage .
J’embarque sur le navire mais je change les voiles. Je ne suis pas fière d’être française par les temps qui courent. C’est sûr que c’est moins dangereux que d’être états-uniens mais quand même. Depuis quelques temps , notre coq piétine dans ses excréments . Notre « bon roi » qui est assis sur son trône fait les gorges chaudes dans les journaux européens. On pourrait prendre les deux nanas pour nous défendre mais elles se complaisent dans des luttes de personnalité, laissant la coudée franche aux réformes ignobles du pouvoir, tuant ainsi le pauvre peuple sous les taxes. Je sais, je râle encore alors que dans d’autres pays, il n’y a pas de démocratie. Dans d’autres pays, les femmes sont voilées et doivent se taire. Dans d’autres pays, des enfants meurent de faim à côté des décharges. Dans d’autres pays, on tue au nom d’un Dieu, s’il existe, ne l’aurait jamais demandé. Oui, c’est vrai, je suis française et je peux témoigner, râler, pleurer, hurler même car je suis encore pour l’instant dans un pays de liberté mais jusqu’à quand ?