Deux jours, depuis que la nouvelle était tombée, tel un couperet tranchant le fil d’un quotidien trop banal. Deux jours, et il lui semblait déjà que ca durait depuis des années. Deux jours depuis que son monde et son univers s’étaient écroulés, envolés en fumée. Deux jours où tous, les uns après les autres, tombaient autour d’elle. Deux jours que les larmes ne les laissaient jamais bien longtemps en paix.
...Empty spaces - what are we living for
Abandoned places - I guess we know the score
On and on
Does anybody know what we are looking for...
Elle ferma la dernière sangle de son sac. Enfin, elle s’enfuyait de cette maison maudite pour retourner dans le monde paisible et routinier de la semaine. A defaut de pouvoir l’effacer, elle fit taire a coup d’arguments rationnels la culpabilité qui la tenaillait d’abandonner son père. On pourrait presque attribuer le brillant de ses yeux à la lumière vive et blessante du jour, alors qu’avec un sourire dans lequel elle met ses dernières forces, elle pose un léger baiser sur la joue de l’homme et agite la main pour lui souhaiter une bonne semaine. Une semaine dont ils savent tout les deux qu’elle sera affreuse.
...My soul is painted like the wings of butterflies
Fairy tales of yesterday will grow but never die...
Le train ‘ébranle, secouant le regard de la jeune fille. Ses yeux abandonnent le paysage qui commence, imperturbable, son lent déroulement, pour se poser sur l’adolescent en face d’elle. Elle est a peine surprise par les larmes qui perlent en silence au coin de ses yeux. Sans un mot, ses bras se referment sur son frère, et la tentation l’effleure un instant de se laisser emporter par les lourds sanglots qui le secouent. Elle relève imperceptiblement la tête, resserre son étreinte.
...Inside my heart is breaking
My make-up may be flaking...
Elle salue sa mère, se soumet de bonne grâce aux embrassades et aux plaisanteries. Prétextant une fatigue extrême, sous les taquineries de l’adulte quand aux devergondages estudiantins, elle monte s’isoler dans sa chambre, seule, enfin. La, les larmes coulent. La... Seule... Demain, elle ira à l’université. Comme toujours. Demain, elle verra des amis. Comme toujours. Deamin, elle fera la folle, sourira, taquinera, plaisantera. Comme toujours... Le soleil couchant teinte de pourpre et or l’horizon des rêves qui l’emportent.
...But my smile still stays on
The show must go on...