Dimanche 20 mars 2005.
Habitée par la tristesse, le dénuement et l’impression que ma vie m’échappait, je suis allée faire un tour à Aix-en-Provence.
Je flâne sur le cours Mirabeau,
Coule dans l’eau des fontaines,
Je glisse mon spleen au fond des ruisseaux,
Et muselle mon cœur plein de haine.
Je m’installe à la terrasse d’un café face à la Rotonde. Les platanes géants sont encore nus. Le soleil de printemps s’accroche à leurs branches. Les passants musardent, certains brandissent un rameaux, un sourire flotte sur les lèvres. Pas sur les miennes.
L’âme à la dérive,
Il semble que je vacille,
Plus d’envie,
Je résilie
Mon contrat avec la vie.
Je n’ai pas envie de parler. Je voudrais me fondre dans ce ciel si bleu, si clair ! J’offre mon visage au soleil. J’aperçois les passants. Deux femmes se tiennent la main, accrochées à leurs cœurs. Un jeune homme exhibe une chevelure fraîchement oxydée, ça ne lui va pas, le rouge aurait été plus seyant !
Arrive une sorte de marabout, un borgne terrifiant ! Un grand foulard rouge sous son chapeau noir !
- On s’invite ?
Ça va pas non ?
- Non merci, j’ai envie d’être seule.
- Il vaut parfois mieux être seule que mal accompagnée !
Bon sang ! A qui le dis-tu ?
- Comme vous avez raison !
- Et bien tenez ! Je vous fais un cadeau ! Je vous offre un rameau bénit !
Il me tend un rameau d’olivier.
Surprise, déconcertée, je ne sais que penser. Je cherche à comprendre. Une foule d’idées assaillent mes pensées. Une seule se détache, s’amplifie, devient presque évidente !
Cela se pourrait-il ?
Se pourrait-il que Dieu pose les yeux sur moi ? Moi la mécréante ? Qui n’ai jamais eu foi en rien ? Se pourrait-il qu’il ait choisi cet être mal attifé, grossièrement abouti pour servir de messager ?
L’idée ne me déplait pas. Même si elle est un peu contraire à mes principes. Je la trouve apaisante. Je vois maintenant les passants. Ils profitent de la douceur du soleil et de la sérénité qu’il leur apporte !
Je souris !