Moi, je voulais l’appartement du quinzième. Quatre cents mètres carrés avec terrasse et piscine. J’ai fièrement annoncé mes prétentions au promoteur. Il m’a félicité de mon excellent choix. Puis il m’a annoncé le prix. Six cent quarante-trois Fulgs. Le Fulg, c’est la monnaie locale.
J’ai toussé.
Quelque chose ne va pas ? M’a-t-il poliment demandé.
Finalement, la piscine n’est pas trop à mon goût.
Il m’a alors proposé un petit appartement au troisième, nettement plus abordable, cinquante et un fulgs.
Je lui ai dit que j’allais réfléchir et j’ai emménagé le lendemain.
L’immeuble est hanté par une faune étrange, des gens farfelus, inquiétants. Ca crie, ça chante ça s’apostrophe à longueurs de journées et la nuit aussi.
Je préfère rester cloîtré. Les couloirs ne sont pas sûrs, les murs sont couverts de graffitis, de commentaires sur tel ou tel locataire.
Il y a deux jours à peine, un individu étrange, tout de noir vêtu est venu me rendre visite, il vendait des calendriers au profit des fulguristes nécessiteux. Un calendrier de 2006, tout corné. Tu parles que je lui ai claqué la porte au nez.
Du cinquième, quelqu’un a crié :
C’n’est pas bientôt fini ce raffut.
J’ai pris ma voix grave pour répondre :
C’est le vent !
Je ne vais pas moisir ici, trop de promises cuitées ! (Merci Michel)
Qu’ils le veuillent ou non, j’y arriverai au quinzième.
A la force du poignet, s’il le faut...
J’suis laveur de carreaux.
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Tu parles d’un immeuble.
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Crise du logement.