Je suis aux portes du sommeil, en cet instant laiteux où le cœur délaisse ses peines et ses doutes et où le corps oublie d’être. Ce moment si doux où l’esprit se vide lentement de tout ce qui est chagrin et soucis. Mes yeux se ferment lentement et je succombe au plaisir de m’endormir.
Mais soudain un cri dans la nuit se propage, se diffuse, rebondit sur les murs voisins et envahit le silence et l’espace. Un long cri d’homme, cri de peur, de douleur, d’angoisse, que sais-je...
Je m’éveille en sursaut, mon cœur cogne dans la poitrine, il résonne dans mes veines, il s’affole.
Assise au milieu des draps, j’attends, j’écoute, mes sens sont en éveil et je cesse de respirer...
Mais, je n’entends plus rien d’autre que l’écho de ce hurlement qui se répercute dans chaque parcelle de mon âme.
Mon imagination galope, quel drame se joue ici à quelques pas de nous, quel crime odieux, quel obscure tragédie...
N’y tenant plus, je me lève, enfile quelque chose que je trouve au hasard de mes tâtonnements et décide d’élucider le mystère. Un peu tremblante, les pas mal assurés, je sors et aperçois une lueur.
J’hésite mais me dirige vers elle et là je trouve mon voisin, maugréant et de mauvaise humeur en train de ramasser sa poubelle éventrée par un chien.
Enragée et dépitée, je rentre chez moi, j’avais tout envisagé pourtant, tout, sauf un cri de colère.