Elle me fixait d’une hypocrite pitié... je sais plus sa gueule, mais je me souviens de sa robe blanche et de son nom accroché sur son sein. Robeleau. Dr Robeleau. Elle parlait, murmurante, mais j’écoutais pas.
J’savais déjà ce qu’elle allait dire ; ses regards fuyants avaient déjà parlé...
A la voir, tout était de sa faute...
Je pensais que ce serait atroce.
C’est faux, c’est juste vide. Il n’est déjà plus qu’un souvenir, une cicatrice pour tenir le cliché.
J’étais pas triste, je comprenais pas comment on peut passer du tout au rien ; c’est vrai,comment vivre sans sa moitié...? -j’ai la vague et ridicule impression de citer une sitcom à l’eau de rose-.
Tu es là, tu n’entends rien, tu ne sens rien, et reste persuadé que tu n’existe plus. Plus rien, comme lui.
J’aurais pu hurler, pleurer ou juste être un peu triste, c’est ce qu’on fait habituellement-j’ai toujours vu ça comme ça à la télévision- mais au lieu de ça, je me suis mise à jouir de la situation ! Soyons précis ; l’idée de la mort de Julien à littéralement trempé mon sexe d’excitation...
Une orgie ! voilà ce qu’il m’aurait fallut à cet instant... vite, vite, une orgie "il est mort, il faut que je baise !".
C’était, je crois, la seule phrase que mon cerveau pouvait créer, comprendre, intégrer.
Rue de paris, illuminée comme toujours ; les derniers pressés se ruent chez eux ; et moi, moi qui avance errante, notant les détails de cette pièce sans intérêt et de son décor noirci, j’ai trouvé un but "il est mort, il faut que je baise".
L’image de Julien étendu sur le sol, rougi de son sang, s’insinuait sans cesse sous mes yeux, agitant de plus en plus ma libido...
Comprenez-vous ?
Je m’appliquais à voir les trous ensanglantés qui perçaient son corps simplement parce que ça m’excitait.
Terrible, en y repensant sous analyse de ma conscience morale, d’autant plus terrible pour cette putain de conscience que pendant ma lutte sexuelle, en quête du Graal-plaisir derrière une caissette de tomates, ce sont ces images qui labouraient la terre de mon âme...
Les râles de plaisir de mon adversaire étaient les gémissemnts douloureux de mon âme soeur.
Son accélération cardiaque était l’épuisement du cœur de Julien.
Sa sueur d’excitation et d’efforts sexuels ; la fièvre frissonnante d’un corps convulsé par une mort imminente.
Son dernier coup de rein.
Son dernier souffle.
Un murmure.
Un "je t’aime"...