Une maison et nous dedans, ensemble, un café sur la place Sathonay au coucher du soleil.
Puis nous qui rentrons à travers les rues, les vitrines éclatantes, qui se reflètent sur sa robe couleur chair.
La nuit, peu de sommeil mais un sommeil lourd, les corps odorants et liquides, ses jambes croisant les miennes.
Le réveil sur le pont derrière la gare, et toutes les églises de Lyon dans le lever du jour.
Moi qui l’enserre. Moi qui lui donne la main, qui la regarde la tête en l’air, jouissant de nos quelques centimètres d’écart, admirant sa stature, pensant déjà aux phrases à lui dire, ma main sur ses fesses au détour d’une passerelle, j’imagine que c’est le début de l’hiver, dans un froid léger et sec, et elle me parle, elle s’arrête pour observer ma moue, me reprend la main et m’entraîne, dans l’encadrement d’une porte.
C’est un baiser fin, ses lèvres glissent à peine.
Dans un café, je sens sa jambe sous la table, ses bas qui crissent, et son regard signifie. Nous sortons en titubant, il est tard. Chez moi, un plat vite avalé, je ne sais pas quoi. Un film vite regardé, je ne sais pas quoi. Sa présence, son parfum, ses sourires.
Peu dormi encore une fois, ce jour-là nous nous levons dans l’après-midi, ne côtoyant le soleil que quelques heures, ouvrant à l’emporte pièce une bouteille de champagne bon marché, jouant les amants friqués, rigolant de leurs poses. Nous ne sortirons pas, ce n’est pas nécessaire. Je la garde. Elle se pose sur moi, une liane de muscles, plaque mes épaules contre le lit, ondule et se cambre, casse sa silhouette.
Elle cherche au fond, propose une autre machine de chair, peu importe, susurre à mon oreille, et je reçois sa voix comme un cadeau du ciel, je pense que j’ai tellement attendu ce moment, je lui réponds que je l’aime, un peu ivre, plus que ça, les mots sortent saccadés, sans aucun lien entre eux, sans avoir été contrôlés, ils sortent, je lui dis je t’aime quatre-vingt fois, sans m’en soucier, sans hésiter.
Sans mentir. Tout est vrai. Mon cœur bat plus fort, mon souffle se fait court, ses mains dans mes cheveux, elle me berce de ses mains, je m’endors, demain je ne saurai plus comment je me suis endormi, mais j’ai senti son regard sur moi, pendant longtemps, qui accompagnait mes premiers rêves, qui s’alimentait de mon visage et de nos souvenirs. Et puis je me suis réveillé. Le froid au ventre. Le doute, vieux compagnon, de retour.