Depuis quelque temps, le village est en émoi, faut dire que dès qu’un nouveau venu vient s’installer chez nous, c’est toujours pareil, ça ragote, ça suppute, ça cancane et enfin, ça suppose.... Surtout lorsqu’il s’agit d’une jolie femme seule, qui de plus ne parle à personne, et qui a choisi d’habiter la maison la plus retirée
Enfin, on n’à beau ne croire que ce que l’on voit, on ne peut s’empêcher d’entendre ce qui se dit.... Et voilà ce qu’on dit au village......
D’abord y’a le cafetier, Gérard Mansoif, c’est son nom, (l’ivrogne du village) grand consommateur de bière devant l’éternel, qui pour se faire mousser n’à rien trouvé de mieux que de faire courir le bruit qu’elle avait le feu au cul.
L’Emile, lui, (dont le surnom est l’embaumeur) ..... oui, alors je précise que ce n’est pas à cause de sa profession qu’on l’à surnommé l’embaumeur, non il n’est pas croque-mort, son métier c’est souffleur de verre, en réalité ce sobriquet lui est venu du fait disons qu’il a une fâcheuse tendance à diffuser autour de lui (et cela sans jamais piper mot d’ailleurs) les conséquences directes de ces embarras gastriques..... pensant naïvement qu’en ne disant rien il ne serait jamais démasqué, mais en bons récepteurs que nous sommes, nous avons tôt fait de découvrir l’émetteur.... Ben oui, facile, ce sont ses silences qui l’ont trahi, tout le monde sait bien que c’est celui qui ne dit mot, qu’on sent...... enfin, lui prétend qu’elle a le diable au corps.
Et Manu, le percussionniste qui joue des Bongos, d’ailleurs c’est sont surnom, (Manu, dit Bongo) mais c’est un Italien d’origine, son vrai nom c’est Militari.
Lui, Manu donc, bassement matérialiste dit d’elle qu’elle tire le diable par la queue.
J’en conclus donc que si elle a bien le feu au cul, et le diable au corps, celui-ci (le diable) ne peut se trouver que sur la partie charnue de son anatomie, puisque c’est à cet endroit qu’il y a le feu....Ce qui m’amène tout droit à en conclure (après une réflexion digne des plus grands romans d’Agatha Christie), qu’elle doit être contorsionniste de métier, pour réussir à tirer.par la queue le diable qu’elle a au cul.....
Je décidais d’en avoir le cœur net et de me renseigner auprès de ceux qui prétendaient la connaître un peu. Et c’est là que l’un d’eux m’a confirmé les bruits qui couraient selon lesquels elle ne cracherait pas sur la bagatelle, me jurant que ce qu’il disait était la stricte vérité. Bon moi je trouvais sa vérité un peu crue...... enfin crue......pas tout à fait, je restais quand même sceptique, fidèle à mon credo : "Toute vérité même crue n’est pas obligatoirement crédible" même si elle est écrite d’ailleurs, puisque j’ai pour principe de ne rien prendre au pied de la lettre.
Un autre m’indiqua comment trouver sa maison, tu verras me dit-il c’est une vieille masure décrépite, Et comme je ne voyais pas où elle se trouvait, il renchérit aussitôt. Mais si .... Tu sais bien, la maison près de la fontaine..... celle qui a Nino, ni électricité et qui a la forme d’une lettre...... la maison en T voilà c’est ça !!!! certainement une ancienne ferme, il y reste encore scellés dans le mur de vieux anneaux rouillés qui naguère servaient à attacher les chevaux. Je décidais donc de trouver cette fameuse baraque, dans le but de faire connaissance avec cette brave dame. Aussi taudis, aussi tôt fait, je n’eus pas de mal à repérer l’habitation, grâce à ces fameuses attaches auxquelles ont attelait les chevaux. Ceci étant fait, et devant son ampleur, je décidais (comme les chevaux) de m’y atteler sans plus tarder. ...(à la tâche)...
Quelques jours après je réussis finalement à trouver un prétexte pour l’aborder, et là les amis je vous le dis, je suis resté sans voix.... J’ai enfin compris pourquoi elle restait à l’écart du village, elle était muette, ne s’exprimant qu’avec des gestes, ce qui n’empêcha pas que nous nous mîmes aussitôt à entamer une conversation qui ma foi, se trouva être fort intéressante.