Un matin, hors des matins des jours de la semaine, une semaine de cinq jours. Un matin s’annonçait ordinaire avant que je ne sorte. Sans préméditation aucune, je suis entré dans une boulangerie, en suis ressorti avec une baguette de campagne à la mie d’un gris chaud. Puis, en passant devant un kiosque à journaux, j’ai rempli ma main d’un journal frais, bien plié, et alors je suis rentré.
J’ai préparé le café, j’ai pris une douche très chaude. J’ai posé sur un plateau une grande tasse, un couteau à bout rond, une petite cuillère, une plaquette de beurre sortie du réfrigérateur, un pot de miel.
J’ai posé le plateau sur la table, à côté du journal et je suis retourné à la cuisine d’où je suis revenu avec la cafetière en terre.
Je me suis servi une première tasse de café, j’ai tranché un morceau de pain de la longueur d’une main, je l’ai coupé en deux, j’ai étalé sur la mie une bonne épaisseur de beurre. J’ai déplié le journal et... et tout était bien. J’allais savourer des petits plaisirs parfumés, des petits bruits feutrés. Tout était neuf. Le matin était neuf, le journal était neuf, le pain était frais, comme le beurre, je m’étais préparé un jour nouveau à l’improviste et je me laissais aller dans le plaisir fugace.