Un matin normal parmi tant d’autres, sur un quai quelconque, le train stoppe. Le wagon orangé est bondé, plus de places assises, tout le monde est debout. Les passagers habillés de sombre aux visages lugubres semblent perdus dans leurs pensées. Il laissent à peine entrer une jeune femme qui court par crainte de manquer le départ. Elle paraît jeune sa tresse blonde descendant dans la nuque, son polo rose pâle et son jean bleu. Elle porte les seules couleurs gaies dans ce triste monde.
Qu’ils sont sinistres ces gens, habillés ainsi, les visages fermés et le regard morne se dit-elle. Tant pis, je suis là, j’y reste, de toute façon, je ne peux pas sortir, ils ont fermé les portes. J’espère simplement que je ne vais pas attraper le virus de la tristesse, il manquerait plus que ça... Aujourd’hui, j’ai toute les raisons du monde pour être heureuse...
Hier toutes mes recherches afin d’obtenir un logement, un emploi ont abouti grâce à mon ami. Il m’a soutenu de sa présence, de son amour. Oui tout va bien s’il n’y avait cette grosse femme qui me regarde de travers et me monte sur les pieds. Qu’est-ce que je lui ai fait ? Elle pourrait s’excuser, enfin quoi ? D’accord, elle est forte mais ce n’est pas de ma faute. On dirait que cela la gène que les hommes me regardent gentiment. Je suis habillée normalement, un polo correct, un simple jean, rien de spécial. Si j’avais un décolleté plongeant, je comprendrais mais là non, je ne vois pas. Ce doit être sûrement une malheureuse, mal dans sa peau. Si je pouvais lui parler, lui expliquer et l’aider peut-être mais je vois à son regard noir et méchant que ce n’est pas la peine de l’approcher. Je vais regarder le paysage car sinon, elle va croire que je drague les messieurs ou que je la prends pour une dinde. Qu’est-ce que je fais là dans cette galère. Mon dieu, cette femme a réussi à me filer le virus, merci, je suis normale... pour eux.