J’ai eu peur toute cette longue journée et pourtant aujourd’hui ne fut pas plus long que tous mes autres jours, mais l’attente donne au temps une lenteur insoutenable.
Je l’ai laissée, hier, aux mains des blouses blanches et vertes, dans cet immense univers sauvage, aseptisé sans l’être où rôdent des ombres sans couleur, sans esprit ; un monde où rien ne filtre, où seule l’angoisse éclate sur chaque visage.
J’ai essayé de vivre vingt heures d’attente, occupée sans l’être, débordée à outrance pour accélérer le temps, tuer les secondes, achever les minutes et avaler les heures. Je n’ai pas mangé, seulement bu des litres d’eau pour me noyer, oublier mes peurs et mieux vivre les siennes.
Et enfin, je l’ai vue, dans son lit blanc, son visage blême ; elle dormait et mes sanglots, signant la fin de mon angoisse ont pu sortir de ma gorge nouée, tandis que je lui tenais la main. J’attendais son réveil, ses larmes de joie à elle, quand elle comprendrait que tout avait réussi, qu’il ne lui fallait plus que quelques mois pour retrouver une route normale. La chair de ma chair était en vie.
Ce monde hostile était devenu tout à coup, merveilleux, bienveillant et complice. Un sourire béat se promenait sur mon visage. Mes angoisses quittaient mon corps qui devenait cotonneux.
C’était sa énième opération mais je ne pouvais en prendre l’habitude ; à chaque fois, le scénario se répétait.
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Une longue journée
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Un peu d’autobiographie...