Elle songe à cette nuit d’été ; il faisait doux et il lui vint soudain l’envie chaude de dormir dehors. Les étoiles étaient au rendez-vous dans un ciel noir et pur ; le silence prenant laissait entendre leurs douces respirations.
Un moment de bonheur, vous savez, cette onde qui vous envahit, vous prend, vous pénètre, vous enveloppe ; cela dure une seconde à peine, mais ça vous rend ange sur son petit nuage pendant des heures.
Leurs corps apaisés, leurs mains liées, leurs esprits dans les nuages ; pas un mot entre eux ; inutile, ils se comprennent sans se regarder juste en se frôlant. L’extase, la béatitude. La lumière tremblotante des bougies éparpillées sur la table donne à l’atmosphère un air de féérie, de magie. Dieu ! Que la vie est belle et prometteuse ! Si ce bonheur daignait s’installer à jamais !
Ils comptent en silence les astres lointains qui les épient, attendent une étoile filante pour faire le vœu de leur vie en se serrant l’un contre l’autre, étonnés de ce bonheur partagé, synchronisé mais réel. La nature sommeille, pas eux ; surtout ne pas s’endormir pour ne pas que ce moment s’échappe, pour graver à jamais ces minutes, pour pouvoir les revivre en songe éveillé et sourire en retrouvant les frissons qu’apporte le bonheur.
Voilà comment elle se tisse des souvenirs pour ses vieux jours ; elle ferme les yeux et serre fort ses paupières pour ne rien oublier des silences, des bruits, des mots, des odeurs, des frôlements.
Ce moment est passé ; retrouvera-t-elle un jour ces sensations oubliées ?
