Dans la grande steppe blanche Vassili marche depuis des heures.
Les paupières brûlées et les lèvres gelées, il ne sent plus ses mains bleuies par l’âpre hiver.
A bout de force il s’écroule dans la neige, ni la longue pelisse de fourrure brune ni la chapka qu’il porte ne le protégent plus.
Devant lui l’immense manteau blanc s’étend à perte de vue.
Au loin il entend les hurlements des loups affamés par les longs mois de cette maudite saison.
Dans un sursaut de vie il lève les bras vers le ciel et l’implore de lui venir en aide.
« Courage Vassili » s’ordonne t’il « relève-toi et marche ».
Il rassemble ses dernières forces et reprend son chemin, la route est encore longue jusqu’à la Volga mais à chaque fois qu’il sent ses forces défaillir, il se souvient de la chaleur et de la douceur de son isba et voit les yeux de sa tendre Tsvetana qui l’encourage à continuer.
Il trébuche à nouveau mais cette fois-ci ne trouve plus l’âme de se relever, il a si froid, il a si mal. Doucement, engourdi par le froid, il ferme les yeux et se laisse gagner par la douce torpeur qui précède la mort...
Son combat s’arrête là, comme un fleuve qui se jette à la mer, Vassili se laisse emporter par la camarde. Sans lutter, simplement, il rend son dernier soupir.
Tel un linceul immaculé, la neige le recouvre peu à peu comme un ultime hommage.