Cette angoisse diffuse qui envahit sa peau, rétractée comme le glacier avant la
fonte, douloureuse comme la terre durcie que les brins d’herbe persillent de
leurs dagues impatientes. Cette angoisse trop connue...
Pourtant, elle ne peut faire autrement, l’inéluctable est en route.
Nul besoin de se servir de la télécommande pour se rejouer le film de son
histoire. Si loin et pourtant la mémoire encore vive de cette naissance dans la
douleur, des grottes pétrifiées par les cris des bêtes sentant les odeurs de
l’amour serpentant dans les bois, des terres réchauffées, des automnes enfuis.
Et puis, surtout, ces silex ramassés au creux des chemins, ces pointes
d’obsidienne lui faisant signe sur l’aplat d’un autel, ces épées brûlant de
quitter leur fourreau, ces dagues ou ces couteaux posés au coin des tables.
Sa main tremblante se pose à la base du cou et va chercher la carotide, épelant
une à une les interrogations du pouls . Il va s’accélérant comme un train de
nuit filant vers l’horizon.
Demain, il faut qu’il fasse beau, que les femmes se sentent désirables et les
hirondelles légères sur leurs portées vibrantes de leurs eaux électriques.
Demain sera un autre jour.
L’heure est là.
Elle sent défiler en elle ce train de peur auquel n’échappe aucune chair au
seuil de sa propre mort.
On ne la retrouvera pas,
Enfuie avec les derniers frimas.
L’heure est là qui commande son immolation à la Terre.
L’heure est là qui commande de trancher cette peau qu’on croit indifférente et
laisser s’écouler en jets toute sa vie, enfouie et mystérieuse comme un barrage
qui s’effondre.
Maria,
Femme Hiver,
Dont le sang
Répandu
Accouche du Printemps...