Vivement la Retraite

Ah ! Me voilà fini, terminé, étiqueté, emballé dans un beau plastique transparent. Je rejoins mes semblables en haut d’une pile et j’attends.
Voilà un jeune couple. Ils s’assoient sur mon modèle, se relèvent, en essaient un autre, encore un autre. Eh ! Oh ! Revenez ! Pourquoi pas moi ? Je ne vais pas rester en haut de ma pile pendant des semaines.
Ils regardent les étiquettes, appuient encore sur l’un puis sur l’autre, ils appellent un vendeur. Chouette ! Ils viennent par ici ! Gagné ! Ils m’ont choisi !
Voilà, voilà, doucement. Ah ! Je suis transporté ! Je passe devant tout le monde, allez, allez on se pousse devant la vedette. Bon, me voilà arrimé sur le toit. Pas très confortable, mais bon, je suis solide.
Nous sommes arrivés. Ils me détachent, me laissent tomber sur le sol, Aïe ! Ouille ! Ils me plient en deux, non mais Oh !
AAH, c’est mieux, ils me couchent. Ils me sortent de mon sac, me recouvrent d’un drap qui sent bon la fleur d’oranger, d’une chaude couette. Que je vais bien dormir !
Eh ! Oh ! Mais ! Ils soulèvent le duvet, se couchent. Ouille mes ressorts tout neuf. Ils se tournent, se retournent, halètent, crient, s’agitent encore, s’arrêtent, ronflent.
Chouette, le matin, je peux me reposer jusqu’au soir. Enfin presque car parfois cela les prend même le jour, et au fil des années mes suspensions grincent de plus en plus.
Vivement la retraite !