Une foule silencieuse s’est amassée au pied d’un immense mur de pierres. Noyée au milieu de ces inconnus, sans savoir pour quelle raison, je me tiens là aussi et j’attends, comme eux.
Soudain une ouverture se dessine dans la façade. Une porte, jusque là invisible, s’ouvre et des personnes apparaissent. Lentement, en file indienne, elles avancent d’un pas régulier, sans bruit, fendant la masse compacte des spectateurs qui s’écarte pour leur laisser le passage. Impossible de distinguer les visages tous orientés dans la même direction, vers le lointain, droit devant eux.
L’une des silhouettes qui vient de franchir la porte me semble familière. En m’avançant vers elle je reconnais mon compagnon et comprends alors la raison de ma présence en ce lieu. Aucun détail de son visage n’est visible mais je sais que c’est bien lui. Il marche la tête haute, vêtu d’un costume sombre, très élégant, apprêté comme pour une cérémonie ou un évènement d’importance.
Je tente d’attirer son attention en lui touchant le bras mais il passe, indifférent, comme tous les autres, ceux qui le précèdent et ceux qui le suivent, le regard tourné vers un ailleurs dont nous ne savons rien. Puis, tout s’évanouit.
J’ouvre les yeux. Il fait nuit et je suis étendue dans le lit, sur le dos, paisible ... c’était un rêve. Alors, je sais intimement que tout est en ordre maintenant et la sérénité m’envahit.