De noirs rochers déchiquetés à contourner et que le regard devine à peine à travers les embruns de l’océan en révolte.
Un déluge de fin du monde qui déchire à la hache un ciel tombé en disgrâce.
Les hurlements d’une tempête sans fin où le temps se fige entre chien et loup.
Où l’ouragan satanique s’accouple à la mer pour engendrer des monstres.
La démesure des déferlantes façonnées dans du marbre liquide.
Qui déploient leurs faux d’écume pour moissonner les marins.
Le voilier aborde les quarantièmes rugissants comme on entre en religion pour expier.
Il n’est plus qu’un insecte harcelé par des coups de boutoir géants.
La coque et le pont en déroute, le mât et les haubans qui gémissent, un étroit triangle de voile dérisoire.
Ils résistent aux assauts du chaos qui voudrait les faire renoncer.
Agrippé à la barre dans la timonerie submergée, une poussière de vie dans les flancs de l’insecte.
Presque rien.
Juste un homme qui lutte pour ne pas se renier.
Et franchir le cap.
Ainsi voyage la vie.