Je ferme les yeux et j’entends ta voix.
Je ne suis pas hantée, tu sais. C’est fini tout ça. Je n’emprunte plus ta rue pour regarder ta lumière à la fenêtre. Je ne compte plus les heures avant de te voir. Je n’arrive plus une cinquante-neuf minutes en avance à la gare plutôt qu’une minute en retard. Je n’ai plus les yeux grands ouverts dans le noir de peur que le sommeil ne me vole mes pensées de toi.
C’est fini, tout ça.
Aujourd’hui je souris simplement quand je vois ton nom sur l’écran de mon téléphone. Mes pensées me ramènent à autrefois et j’entends une fois encore le son de ta voix, de ton rire, je revois la lueur dans tes yeux et je sens la chaleur de tes mains sur ma peau.
Des souvenirs, tu vois. Je ne suis pas hantée. Parfois, je me rappelle de la première fois où tu m’as dit que tu m’aimais, et j’entends encore le tremblement de ta voix. Parfois je me souviens de ta main posée sur ma taille et du frisson de fierté qui me parcourait en me disant que j’étais à toi. Parfois je me retourne dans le tram parce que l’odeur d’un étranger me ramène à la tienne. Parfois je suis à nouveau étendue dans le noir, tout contre toi, et je tremble de tout mon corps en espérant que tes lèvres franchissent les quelques millimètres qui les séparent des miennes, pour la première fois. Parfois.
J’enfouis ces souvneirs très loin au fond de moi parce que je ne t’aime plus. C’est fini, tout ça. C’est simplement ce qu’il me reste de toi. Je ne verrai plus jamais ton regard briller – je n’entendrai plus jamais ta voix. Il y a si longtemps que j’affronte ce silence de toi. Et ton souffle sur ma peau qui s’évanouit, se dissout et s’enfuit – et tes yeux clos, si terriblement clos dans ce cadre de bois.
Je ne suis pas hantée, tu vois.