Madeleine n’espérait plus vraiment que sa vie insipide puisse prendre un tournant.
Mais ses rêves avaient fini par illuminer son sourire, peu à peu ils modifiaient son allure.
Sa tête se para de chapeaux extraordinaires que Madeleine associa à des sautoirs de pacotille, des foulards comme des ailes de papillons, des ballerines pour chemins de traverses.
Un matin tout aussi gris qu’un autre, elle se rendit à une conférence sur un train de légende : l’Orient Express.
L’exposé fut passionnant, les récits et photos la captivaient.
Madeleine se mit à rêver à voix haute « le frisson d’un voyage, rien qu’une fois.. »
Elle sursauta, honteuse d’être prise en flagrant délit, en entendant son voisin lui chuchoter à l’oreille : « Point besoin de partir si loin, le frisson est à portée de main ».
Troublée, Madeleine ne répondit pas, mais regarda son interlocuteur et lui sourit
L’homme, la soixantaine, visage ordinaire, costume quelconque, taille moyenne arborait une fantasque cravate bariolée aux motifs bleus assortis à ses yeux rieurs.
La conférence prit fin, ils sortirent ensemble. Madeleine s’enhardit et proposa de boire un café.
Ponctuée de fous rires, leurs discussion passa du coq à l’âne, des Chats d’Athènes au Chien des Baskerville, de Vipère au Poing à La Ferme des Animaux.
Le temps défila,
Sans oublier de se filer leur numéros -promesse de coup de fil pour reprendre le fil de la conversation -, ils filèrent chacun chez soi.
Depuis ce jour, Madeleine prend le train de seize heures le jeudi après midi pour rejoindre son amant.
Pour quelques heures, il pimente sa vie.
D’ailleurs, elle ne connaît pas son prénom et l’appelle Tabasco.
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Destination ailleurs (troisième partie)
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