Il était dix heures du matin, elle se versa un ballon de vin rouge et alla s’asseoir à même le sol contre la haie de rosiers rouge, des gouttes de sang perlèrent au dos de son pull de coton blanc et ses larmes coulèrent enfin... Des larmes de rage, de désespoir aussi...
Elle songea au passé, à l’usine où elle trimait, ses collègues et elle formaient des ouvrières obstinées, elles carburaient au vin et au café leur donnant des palpitations. Et M ! c’était la seule chose qui lui soit venu à l’esprit devant tant d’énergies gâchées pour rien, elles n’étaient rien et ne gagnaient que de quoi manger L’usine a fermé et elle se retrouva au rebut dit-elle en se mouchant.
Elle avait fait le tour des petits boulots, des amours contrariés aussi... les hommes la préféraient finalement en amoureuse, le calme sans tempête à l’horizon les noyaient d’ennui mais elle n’en pouvait plus de tout ce tintamarre stérile, elle prit son sac de voyage et partit à l’aventure.
Elle a suivi la route, qu’importe la destination... C’est ainsi qu’un jour, elle fut ramassée par la police et amenée dans un asile et pourtant elle n’était pas folle enfin pas encore. Un autre jour alors qu’elle était accompagnée par un quidam, c’est en taule qu’elle a passé une nuit, elle ne savait plus pourquoi ni dans quel pétrin, elle était tombée. Ce qu’elle savait c’est qu’elle avait soif , terriblement soif , elle voulait du vin et encore du vin, la seule chose qui lui fasse oublier la guerre... Sa guerre quelle grand malheur Joë, oui le quidam s’appelait Joé, elle l’avait suivi à la sortie d’un bar. Il n’était pas lui non plus au mieux de sa forme ... Ils restèrent un long moment silencieux comme deux tombes... Entre deux tombes... C’est là qu’elle a compris, tout à coup :elle avait fini son voyage, et a posé ses bagages... Emprunté à Barbara ( sa plus belle histoire d’amour)