Impair de fils
Appel du 18 juin 2006
Aujourd’hui c’est un grand jour. Une certaine excitation m’enivre dès le réveil. Je veux être là, prêt et présent pour entendre une voix tendre à mon cœur. Le ciel est bleu. Le soleil brille. Le pinson siffle son refrain aux moineaux dissipés. Très haut dans l’azur une alouette grisolle. Tout me semble beau en ce jour béni d’amour. Je suis prêt, j’attends. Un remerciement ? Une reconnaissance ? Non, un élan de cœur que des millions d’êtres, tout comme moi, vont recevoir aujourd’hui. Je suis prêt, j’attends. Mon regard se perd dans les nues. Un sourire éclaire mon visage et mes pensées s’envolent dans un ciel de souvenirs. Je revois. Je revis les instants de sa vie. Mes moments de tendresse et de complicité qui l’accompagnaient, le protégeaient. Je suis prêt, j’attends…
Au fil des heures le ciel s’obscurcit et pleure ses larmes dans mon cœur qui se noie. Les hirondelles rasent les maisons. Le pinson ne chante plus. Les moineaux ne pépient plus non plus et l’alouette s’est tue. Le jour décline. La nuit s’installe et m’envahit. Brrr… J’ai froid. La voix tant attendue est restée sans voix. Je ferme les yeux. Retrouve mes sombres nuages. Tiens ! Un hibou bouboule au loin. Je m’endors et sur la terrasse de mon attente, la flamme d’une bougie danse au vent du temps. Elle éclaire dans la nuit noire, les chemins de mes rêves d’antan où connivence et bonheur étaient présents.
Triste jour que ce jour sans appel où un 18 juin 2006, un père n’attendait que ces simples mots : « Bonne fête papa ».
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