En cette fin d’après-midi de novembre, les arbres sont déshabillés de leurs couleur ; seuls le rouge et l’orange du ciel se reflètent sur le lac au bord duquel une barque attend en vain son propriétaire. Il ne viendra pas ayant délaissé ses cannes à pêche pour une sortie entre copains célibataires dans la petite ville d’à côté. Les poissons peuvent donc se mouvoir tranquillement dans l’eau, le pêcheur est parti à la recherche d’une jeune femme qui accepterait de vivre à la campagne et surtout de le réchauffer bien mieux que le chien ou le feu dans la cheminée. C’est que à plus de quarante ans, on a envie de plaisirs autres que solitaires. Hélas, la majorité des femmes déteste les déserts campagnards où leurs seules conversations s’adressent aux murs puisque les hommes y sont souvent taiseux ou occupés aux champs.
Il y a quelques années pourtant, cet homme était tombé amoureux d’une charmante jeune femme mais la réciproque n’était pas vraie. Malgré cela, elle avait accepté de vivre avec lui pour oublier ses malheurs et dans l’espoir de connaître enfin un peu de bonheur.
A cette époque, il partageait toujours la vie de sa mère qui s’occupait de la maison et du poulailler. Lorsque Paulette, car la promise s’appelait Paulette et était comme dans la chanson la reine des paupiettes qu’elle cuisinait à merveille, la mère s’était mise à la détester. Dame, elle voyait en elle une rivale qui lui ravissait son fils chéri.
Lui, tout heureux ne ressentait rien de cette hostilité. Il entendait bien de temps en temps les piques qui fusaient entre elles mais il pensait que cela ne serait que de courte durée, qu’elles finiraient toutes deux par s’apprécier pour faire son bonheur à lui.
La cohabitation avait duré trois mois, puis, une journée, avant midi, Paulette disparut sans laisser la moindre explication à son départ.
Désemparé, il avait pensé que guérie de ses blessures elle était retournée à la ville et ne lui en avait rien dit afin de ne pas le peiner. Ce ne fut que peu avant le décès de sa mère qu’il sut ce qui s’était réellement passé. La vieille dame rongée de remords lui avait avoué avoir tué Paulette à coups de casserole en fonte remplie de paupiettes aux champignons.
Au début la jeune femme avait riposté mais la mère dans sa jalousie féroce avait redoublé de force et la jeune femme atteinte à la tête s’était écroulée, morte. La mère avait ensuite pris la brouette, installé la fille dedans et l’avait enterrée près du vieux chêne au fond de la cour, là où à présent les champignons sont les meilleurs car ils ont pris le goût de Paulette la reine des paupiettes.
Malgré tous ses déboires, l’homme trouvera-t-il une gentille compagne détestant les paupiettes mais amatrice de poisson ?
Seriez-vous candidate ?