Papa tu viens de poser tes lunettes bien rondes sur le guéridon du séjour. Ta pipe n’a jamais autant fumé et la radio de Nicole fume un SLC que tu ne comprends pas ..
Il est l’heure de me dire bonsoir presque un adieu, un juste baisé sur le front, un juste "salut à demain"..
Août 1963, ton dernier regard, ta dernière vision, ta femme, tes enfants inconsolables, notre solitude, nos derniers souvenirs, quelques livres, un cendrier, un briquet, une montre, des chemises blanches..
Maman, une mémoire qui s’enfuit avec les choses que tu aimais tant, tes tableaux, un tapis, de la mémoire de cet homme, ton mari, une chambre de mère, l’honneur d’un père, et juste un petit chez nous pour un nul part
Mai 2010.. Nous n’avons jamais respecté tes vœux. Les tableaux, le tapis, le confort est parti ailleurs, des fourrures encombrent les armoires, ton piano est bien au chaud.. bien au chaud et pour toujours.