Qu’est-ce que je fous dans cette galère ? Cela fait des heures, voir des mois que je suis planté ici, derrière une espèce de carriole tout aussi immobile que les personnes autour. Où vont-ils ? Que veulent-ils ? Et pourquoi se trimbaler avec moi ? Je ne suis qu’un agneau …
Je ne suis pas né pour racler ce maudit parquet, pas un seul brin d’herbe n’y est planté et puis même si cela avait été fait, je n’aurais pas pu y goûter, je suis paralysé sur mes quatre jambes...
Pourquoi ? Mais pourquoi ai-je suivi la femme qui est venu me voir il y a … Il y a … Je ne sais plus, je ne compte plus le temps. Quand j’y pense, elle était jolie cette femme et puis, elle avait des arguments de poids : une clairière tapissée d herbe jeune et tendre à déguster, tout cela pour moi m’a t-elle dit que le premier imbécile venu aurait succombé mais voilà, cet imbécile c’est moi . Ah ! Que n’ai-je écouté ma mère quand elle me disait que les hommes et surtout les femmes n’étaient pas dignes de foi, me voilà bien puni.
Je suis là à suivre des gens aux postures incongrues comme l’autre au turban rouge. Regardez la, elle se veut chef et elle n’est rien avec ses yeux vides d’émotions. Les guignols à coté et derrière ne sont pas mieux, ils suivent tels des zombies. Ils pourraient quand même me donner à manger , j’ai faim et puis j’ai soif surtout , il fait si chaud et pas de fenêtres d’ouvertes. Ces pantins pourraient les ouvrir...Ils pourraient... Non , ils ne peuvent pas, ils sont englués dans leur monde, insensibles à tout et surtout à moi, moi, le pauvre agneau maigre, desséché.
Il faut que je me sauve d’ici mais comment ? Je ne peux plus bouger, je suis l’agneau destiné au sacrifice au nom de je ne sais quelle cause … La même histoire depuis des lustres . Tiens un bruit , quelqu’un ? Eh oh ! Délivrez moi , je veux sortir … Non personne, ce n’est que le parquet qui craque … Mais qu’est ce que je fous dans cette galère ?