Encore un week-end à tuer, fin novembre, comme le temps passe vite. Oscar, le pékinois de mamie m’a fait une fête d’enfer ce matin. Les animaux aiment et sont plus fidèles que les humains. Il courait comme un fou dans toute la maison au risque de bousculer mamie ou de la faire tomber au passage.
Caroline, ma voiture se fait vieille. Elle devient capricieuse le matin. Une chance qu’il ne gèle pas encore et que les pluies se soient quelque peu calmées. Je n’ai dormi que quatre heures cette nuit, mon corps, mes douleurs me laissent peu de répit. J’ai pris un long bain à six heures du matin comme pour essayer d’effacer le mal. L’eau brûlante a un instant apaisée mes vieux os. Si je m’étais écoutée, j’y serai encore.
J’ai ensuite pris le temps de me frictionner avec des huiles essentielles, histoire d’avoir bonne conscience et de me conditionner pour la journée.
Neuf heures, mamie attend son kiné depuis une demi heure, elle s’énerve. Elle crie, elle me speed.
Elle vient de me demander de laver le salon. Je prends le seau, la serpillière, le balai.
Mamie est devant l’évier avec sa chaise je n’ai pas pu faire la vaisselle car elle bouche le passage. Elle me crie de nouveau dessus pour que je me dépêche.
Le fait que je laisse le seau dans l’évier l’a dérange. Je lui spécifie que j’ai des tendinites et que je ne dois rien porter de lourd. « Et bien vous n’avez qu’à rester chez vous, si vous êtes malade » « Ah, oui ! Et qui s’occupera de vous le week-end, ils n’ont personne sous la main, et qui réglera mes factures, je vis seule, alors malade ou pas je suis là. J’ai des ordres médicaux et je m’y tiens. Je fais des navettes avec la serpillière, le travail sera fait, différemment mais il sera fait »
9h30 la salle est faite, mamie têtue m’a apporté le seau dans la salle. Elle soutient que vu que ce n’est pas assez mouillé, je n’ai pas lavé. Elle ne manque pas d’air. Le chien court partout dans le salon et elle marche dans le mouillé soutenant que ce n’est pas vrai.
« Bon il fait beau, madame, on ne va pas se fâcher pour des détails » « Je n’ai jamais vu que l’on travaillait comme cela, et maintenant vous êtes assise. Je ne vous paie pas à ne rien foutre. » « Madame, je viens de vous faire le salon, la vaisselle, votre chambre et j’en passe. Je suis là jusqu’à 18 heurs ce soir. Je ne vais pas faire 10 heures de ménage. Je préparerai votre repas dès que vous le souhaiterez, ferai vos courses puis de nouveau la vaisselle, la cuisine à fond et je veillerai sur vous. Je vous ferai la conversation si vous le souhaitez ou de la lecture, le repassage. Voilà »
Elle s’éloigne en haussant les épaules et en râlant. Décidément être différente, ne pas faire comme les autres, que ce soit nickel chrome mais pas fait pareil, dérange. Et puis je souffre tellement, deux accidents m’handicapent et me pourrissent la vie. (Double fracture du poignet droit et accident au niveau du dos)
J’aimerai être comme avant. Oh, oui ! Comme je l’aimerai.
J’essaie au maximum de soulager mon corps en évitant de porter du lourd. Mon Dieu aide moi, donne moi la force de continuer, je suis si lasse. Souffrir, ne pas dormir, travailler, ne pas être soulagée et puis par-dessus tout, l’intolérance des autres, la méchanceté gratuite. Eux ont le droit d’avoir mal, pas vous.
Je craque, je suis à bout, je n’en peux plus. Même le kiné qui s’y met, ce n’est pas lourd un seau. Je vais lui donner mes douleurs, peut-être qu’il sera humain, qu’il comprendra.
J’aimerai être ailleurs, dans un autre lieu, dans un autre corps.
Mais je ne le peux, alors je voyage par l’esprit, le rêve y est alors magique.
Mamie a avalé son repas vitesse grand V, comme si elle avait un train à prendre. Elle a repoussé son assiette. J’ai le malheur de demander si je peux donner les restes au chien, aie. « Oh, vous m’énervez, si je ne peux pas manger tranquille et que vous voulez débarrasser, je vais manger ailleurs au moins je prendrai le temps de manger tranquillement »