C’est la seule qui compte, la première, celle qui imprègne un être à jamais...
J’avais six, voire sept ans… Peut-être était-ce même avant ma naissance ? Qui sait ce que l’on ressent dans le ventre de la maman qui applaudit à tout rompre l’époux jouant sur scène ? L’odeur du théâtre a trouvé place chez ma mère, elle a suivi le cordon ombilical pour parvenir jusqu’à moi. Toute petite, tassée, l’odeur a empli mes jeunes narines me donnant un grand nez pour humer encore et toujours les émotions et quelles émotions !
Celui qui n’a jamais connu ça ne peut pas comprendre l’ivresse d’un monde bizarre qui fait de la vie tout ce que l’on désire sans s’attirer les foudres des bombes.
Le théâtre a bien changé, les pièces, les metteurs en scène aussi. Mais le bâtiment garde le tout bien imprégné en lui : la scène, les costumes râpés, les instruments rouillés, le rideau rouge effiloché et disparu depuis des lustres. Les pierres quant à elles conservent éternellement les effluves d’émotions.
Le théâtre a son odeur et je la reconnaîtrai partout où j’irai.