Comment en était-on arrivé là ?
Personne n’y avait cru lorsque la guerre avait commencé, d’ailleurs qui aurait pu croire que nos gouvernants seraient assez fous pour activer l’arme ultime préfaçant ainsi la destruction de notre monde.
Il y avait eu d’abord cette lumière aveuglante qui s’était propagée à la vitesse d’un cheval au galop balayant tout sur son passage. Puis l’onde de chaleur avait achevé la vie que le choc n’avait pas encore exterminée. La terre était en feu et parfois du chaos émergeaient quelques silhouettes hagardes et hésitantes, morts en sursis que l’holocauste avait abattus.
Nous, nous avions eu plus de chance, si l’on peut dire, nous étions très loin du point d’impact et les montagnes voisines nous avaient temporairement abrités, reculant pour combien de temps notre fin.
Peu à peu, les ténèbres s’étaient posées sur la terre, nuit nucléaire terrifiante et désespérante suivie peu après par l’hiver glaciaire qui nous avait repoussé vers les cavernes. Cela faisait quelques mois qu’il durait maintenant et je voyais un à un s’éteindre mes compagnons d’infortune dans des souffrances intolérables.
Les enfants furent les premières victimes, plus faibles que les adultes, ils succombèrent plus rapidement aux brûlures causées par les radiations.
Nous avions aménagé du mieux que nous le pouvions les galeries dans lesquelles nous avions trouvé refuge mais le froid et le manque de tout venaient à bout de nos forces. C’était sans espoir, nos réserves s’amenuisaient et l’eau de pluie que nous récupérions était contaminée.
Combien d’années faudrait-il avant que le soleil ne réapparaisse et que l’on puisse sortir à l’air libre.
Parfois, je me demandais s’il n’aurait pas mieux valu mourir tout de suite et si cette survie limitée n’était pas pire que l’enfer. J’avais perdu le désir de résister, je sentais venir la fin comme une délivrance, j’en venais même à implorer la mort de me prendre, abrégeant ainsi mes maux.