La gamine d’une quinzaine d’années sanglote à genoux sur le sol. Ses vêtements sales sont usés jusqu’à la trame. Son corsage déchiré laisse passer un sein blanc au mamelon large et sombre. Ses cheveux défaits cachent son visage.
Celui qui semble être le chef du groupe se retourne en apercevant Domingo. C’est un homme dans la force de l’âge, large comme un tonneau de Banyuls, au visage carré et au cou de taureau. Il porte un bonnet de laine rouge dont la pointe pend sur son épaule. Dardant son regard noir sur le moine il lance d’une voix rauque.
T’es qui toi l’étranger ?
Je suis Frère Domingo.
L’homme lâche en crachant par terre.
Celui qui doit palabrer avec Peyre, le parfait de Montailloux.
En prononçant ce nom le ton de sa voix baisse en signe de respect.
Oui, nous devons débattre de la vraie foi...tu sais où il se trouve ?
L’homme attrape un gamin par le bras.
Vas cherche Peyre . Il vient d’arriver et se repose près de la fontaine.
Dans le brouhaha Domingo demande d’une voix ferme.
Qu’a fait cette jouvencelle pour que vous la traitiez ainsi ?
C’est une catin !
C’est une enfant du seigneur.
Les villageois se sont tus, dans un silence lourd le chef répond.
On vient de la surprendre en train de se faire trousser par un écuyer du Sire de Couiza. Elle se faisait payer pour ça. Un sol d’argent. C’est une traînée et dans le village on veut pas de catin.
De nouveau il ponctue son propos d’un crachat qui s’écrase sur la terre rouge comme une goutte de sang Soudain les têtes se tournent vers un nouveau venu, un petit homme maigre au visage aigu et aux cheveux longs, qui marche pieds nus comme le moine et qui, comme lui, est vêtu d’une simple robe de bure.
Ce dernier parle d’une voix douce et légèrement chantante.
Frère Domingo est arrivé ?
Oui Peyre. C’est lui.- répond le chef du village en désignant du menton le moine, mais le petit homme s’est penché vers la gamine.
Que fais tu dans cette tenue qui ne sied point à une jouvencelle ?
La voix du « bonhomme » est devenue glaciale, tandis qu’il aide la jeune fille à se relever.
Quelqu’un peut m’expliquer ce qu’il se passe ici ?
Le chef raconte de nouveau son histoire. Un long silence se fait puis une femme crie.
Que les hommes de Dieu la jugent !
Oui c’est vrai, c’est à eux de juger la gamine.
Le moine comprend immédiatement le profit qu’il peut tirer de la situation. Il arbore son regard le plus farouche et d’une voix grandiloquente s’exclame.
Qui sommes nous pour juger la prostituée ? Notre Seigneur lui même l’a lavée de ses pêchés ! Sommes nous plus que lui pour nous arroger le droit de revenir sur son jugement ?
Des murmures d’approbation suivent sa remarque. Il se tourne vers la jeune fille.
Dis ce que tu as à dire pour ta défense.
La gamine murmure d’une voix à peine audible.
Maman est malade ! Elle a la fièvre. J’avais pas d’argent pour payer les remèdes....
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En réponse au défit de Delphine sur les Cathares. Avant de lancer une croisade le clergé romain essaya de ramener les hommes du pays d’oc dans le droit chemin en s’inspirant des méthodes des parfaits cathares. Cela se solda par un échec.