Le moldu est un être infiniment apprêté et vaniteux, supérieurement intelligent, du moins le croit-il. Car il vous suffit de gratter un peu le vernis pour que sa véritable personnalité apparaisse.
Il est en fait un personnage médiocre et si j’utilise le mot personnage, ce n’est pas par hasard car vous l’aurez compris, le moldu n’est jamais lui-même. En effet, sa vie ne pouvant être à la hauteur de ses rêves il se donne un rôle qu’avec le temps il finit par croire vrai.
Il se pense particulièrement ouvert et bienveillant, il vous parlera d’ailleurs de son « open attitude », ce qui en fait dans sa bouche devient un non sens car tel un poisson rouge il tourne en rond dans un bocal posé au fond de l’océan. Il est bien connu que la tolérance s’acquiert par la connaissance des autres, or, comment connaître les autres quand on ne s’intéresse qu’à soi ?
D’ailleurs, il vous conte son « milieu », son « monde », ce qui heureusement pour vous, vous en exclut irrémédiablement et ne parle des autres qu’en terme d’image et leur intérêt ne s’évalue qu’à l’épaisseur du porte-feuille ou au nombre de zéros sur le compte en banque.
L’essence des hommes lui échappe totalement, seules la gloire et la reconnaissance qu’il pourra en retirer importent pour lui. Il ne vit pas, il paraît tel un paon se pavanant au milieu d’une cour chimérique et dédaigneuse.
Il vous sera impossible de communiquer avec le moldu si vous ne vous êtes pas procuré le dictionnaire bilingue français moyen/moldu, en vente dans toutes les librairies du XVIe arrondissement de Paris.
Je vous donne un exemple, « une soirée entre amis » pour vous se traduit pour lui par le mot « réunion », car si vous, vous avez du temps à perdre en le consacrant à vos amis, lui pas, tout n’est qu’une question de priorité. Alors, si vous ne voulez pas recevoir en pleine figure un « mais tu ne peux pas comprendre », ne tentez pas de discuter. Le moldu ne part pas en vacances, il prend l’avion pour un voyage d’affaires sur la croisette, à New York ou à Rio, les autres régions de France ou pays d’Europe n’étant pas assez fastueux pour l’accueillir.